Les lettres volées

Habituée à vivre la moitié de l’année en Bretagne où les domestiques de son âges sont ses camarades de jeu, Françoise à aujourd’hui 14 ans et sa mère, Mme de Sévigné, pense qu’elle est en âge de faire son entrée à la cour.
Mais avant, Françoise doit se plier à un protocole très stricte. Entre dîner mondain, leçon de danse et règles de bienséances, la jeune fille n’a plus le temps de jouer avec ses amis et trouve sa mère bien dur avec elle.les lettres volées

Mme de Sévigné finira par consentir que sa fille parte avec son cousin voir M. Fouquet, l’homme le plus puissant du monde après le roi.
Mais Françoise part au château parce qu’elle est à la recherche de lettres. En effet, la demoiselle à des doutes concernant l’identité de son père.
Avec l’aide de ses amis elle va percer le mystère que pèse autour de sa mère.

J’ai beaucoup aimé ce roman destiné à la jeunesse ( 12-14 ans)
J’ai appris que l’auteure été spécialiste des romans jeunesses : ça se sent. Elle maîtrise l’écriture et nous embarque avec elle direction le XVIIème siècle.
J’ai trouvé ce texte d’une grande qualité historique et littéraire. C’est une belle histoire où tout est bien dépeint : les personnages, les paysages et les événements historiques, que l’auteure avoue avoir modifié un tout petit peu pour les besoins de l’histoire
C’est pour moi un roman lumineux à destination d’un public pré-adolescent, qui fait découvrir une partie de l’Histoire de France et des auteurs de cette époque.

Charmer s’égarer et mourir

Ce roman m’a d’abord étonné. Pour dire vrai, c’est plutôt sa structure qui m’a étonné.
En effet, ce n’est pas le personnage de Marie-Antoinette qui raconte l’histoire, mais l’auteure qui nous raconte celle la reine, au vue des recherches qu’elle a faite sur celle-ci.
Je pensais que la structure du roman serait chronologique : Charmer, s’égarer etcharmer_s_egarer_et_mourir_01 mourir => de la jeunesse à la mort de la reine.
Et bien, pas vraiment. Les chapitres sont plutôt structurés par thème.
Il ne faut pas attendre un déroulé chronologique donc, mais plutôt se laisser porter par les informations que Christine Orban nous donne sur la vie de Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette a fui dans le batifolage et se retrouve dans la solitude. Sa vie n’est enviable que pour ceux qui confondent opulence et bonheur. Quand le divertissement consiste à détourner de la réalité, il n’est plus amusement.

Quand j’étais petite je rêvais d’être une princesse. Il m’a suffit de connaître l’histoire de Marie-Antoinette pour me couper l’envie de porter une couronne.
Pour moi il s’agit un peu d’un roman entre l’auteure et la reine. Et c’est ce qui m’a un peu déplu : la trop grande présence de l’auteure. J’aurais voulu Marie-Antoinette pour moi toute seule.
C’est la seule critique que j’ai à faire sur ce roman car Christine Orban défend à merveille la reine et nous la fait (re)découvrir dans son intimité : loin des clichés et des rumeurs populaires.

Marie-Antoinette vit dans un nuage. Il faudra un orage cataclysmique pour déchirer le voile et l’ouvrir à la réalité :  » Un ciel si sombre ne s’éclaircit pas sans une tempête » a écrit Shakespeare.

J’aurais tellement aimé que l’Histoire se passe autrement et qu’elle réussisse à s’évader…
Si vous aimez les romans sur cette période de l’Histoire, je vous recommande aussi : Mousseline la Sérieuse de Sylvie Yvert.

On n’écrit que pour réssuciter les morts.

Mousseline la sérieuse

Mousseline la sérieuse est l’histoire de Marie-Thérèse Charlotte de France, fille de Marie-Antoinette et Louis XVI.
Le roman commence lorsque Marie Thérèse est enfant et qu’elle vit encore au palais. Nous sommes à la veille de la révolution. Louis XVI tente d’apaiser le peuple. Des rumeurs courent sur la famille royale : ceux-ci sont oisifs et dilapident les caisses royales ne se souciant peu des paysans.mousseline la sérieuse

Marie-Thérèse nous conte son histoire, avec son point de vue et son vécu.
Son père a fait de son mieux. Il s’est toujours préoccupé du peuple, il a négocié et a capitulé sur bien des lois et décrets. La fille du roi se souvient de la violence du peuple envers sa famille qui la traumatisera à jamais. L’effraction de ceux-ci aux Tuileries où elle a dû fuir avec sa famille. Leur violence inouïe : accrocher des têtes sur des piques.
Et puis la famille royale subit la révolution. Elle se retrouve prisonnière, enfermée dans une tour.
Il y a dans un premier temps le procès de Louis XVI puis sa décapitation. Vient ensuite Marie-Antoinette, suivi d’Elisabeth la tante de la princesse, la sœur du roi.
Après ce régicide la princesse reste prisonnière, complètement isolée dans cette tour, seule, car séparée de son frère par les révolutionnaires.
Elle ne sortira que des années plus tard. Contrainte toute sa vie à l’exil, elle fuira en Angleterre, en Autriche, Italie et jusqu’en Russie.
Toute sa vie Marie-Thérèse ne cessera de penser à ses parents, à sa famille qu’elle a perdue. Elle ne se remettra jamais de ces drames et gardera pour toujours ses blessures et traumatismes d’enfances.

Dieu ne nous envoyait jamais plus de peine que nous n’en pouvions supporter.

Le texte est construit sans dialogue et c’est avec une grande sensibilité et justesse que l’auteure, Sylvie Yvert, rédige les modestes mémoires de Marie-Thérèse Charlotte, princesse de France. Nous sommes dans l’intimité de la famille royale, dans un oppressant huit clos où l’on perçoit la détresse de cette enfant et de sa famille. J’étais durant ma lecture incontestablement du côté des royalistes, et je haïssais Napoléon et les révolutionnaires.
Nous connaissons tous une partie de l’Histoire : le destin funeste de cette famille royale. Néanmoins j’espérais une uchronie : que Louis XVI et sa famille arrivent à fuir Paris.

Mousseline la Sérieuse
Sylvie Yvert
Héloïse D’Ormesson
Paru en Janvier 2016
ISBN : 9782350873466

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Kinderzimmer

Kinderzimmer où comment raconter l’irracontable.
Comment raconter que l’on va au camp de Ravensbrück quand on ne sait pas que l’on y va ?kinderzimmer
Valentine Goby s’est posée beaucoup de questions et a choisi d’écrire son texte au présent puisque qu’en 1942 on ne connait pas l’Histoire ..

C’est l’histoire… que dis-je, c’est l’Histoire des femmes dans le camp de Ravensbrük, d’un groupe de femme qui s’entraident pour survivre et pour faire survivre des bébés qui naissent dans les camps.
Texte poignant qui ne laisse pas indifférent ..

Kinderzimmer
Valentine Goby
Acte Sud
paru le 17 Août 2013
ISBN : 978-2330022600

Kouri

Kouri est un roman historique. C’est n’est pas une biographie mais l’auteur s’est largement inspirée de l’histoire de Germaine, une résistante française qui se faisait appeler Kouri.

Nous sommes 5 ans après la libération, Kouri est convoquée au tribunal pour témoigner au procès de deux femmes accusées d’avoir égorgé des prisonnières dans le camp de concentration de Ravensbrück.kouri

Tout le roman se passe dans le train. Ce qui est le plus important finalement, ce n’est pas le tribunal et le jugement de ces deux femmes, « Banane et Moustache » comme les a surnommées Kouri, car le juge a bien précisé qu’elles étaient jugées uniquement pour savoir si oui ou non elles avaient égorgé des femmes, et rien d’autre. Ce qui est important c’est ce dont Kouri se souvient. Elle a promis à toutes, surtout à celle qui ne sont pas revenues, de raconter et de se souvenir, pour que les gens sachent.
Pendant tout le trajet, Kouri repense à ces temps de guerre. Elle se remémore ce que faisaient les prisonnières du camp.
Les pensées de Kouri défilent comme le paysage que l’on voit par la fenêtre du train. Comme lui, les pensées de Kouri vagabondent, sans toujours suivre une chronologie.
Les personnes dans le train se transforment en fantômes sous ses yeux. Nous sommes embarqués lorsqu’elle affronte ses peurs et se remémore de vieux démons.
J’ai trouvé ce texte poétique et bien écrit. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Kinderzimmer de Valentine Goby. Je trouve que ces deux livres se font échos.
J’ai lu Kouri d’une traite, parce que ce genre d’histoire ne laisse pas indifférent, parce qu’on est dans le train quand on lit ce livre, on ne peut pas descendre avant de l’avoir fini.
Et même quand on descend du train… on continue de penser à Kouri.

Kouri
Dorothée Werner
Lattes
paru le 06/05/2015
ISBN: 978-2709649063